LES MENSONGES ABONDENT AU SUJET DE PRINCE RUPERT M. Osborn, Journaliste Anglais parle de la future Cité de la Cote. MALGRE TOUT, GARDEZ VOS PLACES ! Tel est l’avis qu’il donne a tous ceux qui méditent actuellement de tenter une spéculation la-bas. (‘Manitoba Free Press’’, Winipeg, 22 décembre, 1908) M. E. B. Osborn, qui est venu voir la nouvelle ligne transcontinentale du Canada, en qualité de correspondant spécial du ‘‘Canada’’, journal illus- tré de Londres jouissant d’une haute réputation des deux cétés de 1’Atlanti- que, et qui adresse également des articles au ‘‘Times’’ de Londres, visite actuellement Winnipeg. Au cours d’une conversation qu’il a tenue avec un représentant du ‘‘Free Press’’, il a raconté les choses les plus intéressantes sur Prince Rupert, le terminus du nouveau réseau surla cdte de locéan Pacifique. “Je suis persuadé, dit-il qu’il s’est débité plus de mensonges a l’égard de Prince Rupert, qu’au sujet d’aucune autre des villes nouvelles qui ont surgi dans l’Ouest. Par exemple, on m’avait prévenu de ne pas y aller avant le printemps, si je ne voulais pas étre obligé de faire 70 milles a pied, sur les champs de glace pour entrer dans la ville et pour en sortir, Un autre Ana- nias, (genre moderne), m’a dit qu’il y pleuvait toute l’année, jour et nuit. Mais a quoi bon répéter toutes ces calemnies? Prince Rupert est situé sur la méme latitude que Londres, Angleterre, et ceux qui connaissent la Cote du Pacifique, savent parfaitement que le port de Prince Rupert est constam- ment libre de glaces. Quant au pluies, (et lcs météorologues affirment qu’il en tombe virtuellemert autant 4 Vancouver et a peu prés aux mémes €épo- ques), tout ce que je puis assurer, c’est que, durant la semaine que j'ai passée 1a, le temps etait beau. Le plus beau port de la Cote. ‘“‘ Le port est le plus'bean ,du Canada. Il donne sur une rade parfai- tement abritée, ayant la forme d’nn croissant, et mesurant un mille de lar geur, avec 25 brasses d’eau en moyenne. Le fond offre une excellente prise pour le mouillage et au pied des quais temporaires, il y a 30 pieds d’eau ala marée la plus basse. Certaines personnes ont critiqué la nature de l’arrivée en venant dela mer. Mais toutes ces critiques ont été victorieusement réft- tées par M. le capitaine Perry, de la Marine Royale, commandant H.M.S. ‘“‘Rgeria’’, et quia fait pour l’Amirauté le relevé de l’entrée. Voici ce qu’il dit A cette égard: ‘‘ Je suis persuadé ne violer aucun secret professionel en disant que les résultats des levés sont entiérement satisfaisants en ce qui regarde l’entrée de Prince Rupert du cété de la mer’’, Cela doit siirement régler le compte de notre moderne Ananias et faire bonne justice de ses variantes politiques. Prince Rupert sera une Cité pittoresque. ‘Tl est bien vrai que Prince Rupert n’est pas encore en existence. Tant que ’emplacement de ville n’aura pas été mis en vente,—c’est-a-dire, jus- qu’en mai, probablement,—on ne peut pas encore y ériger d’édifices perma- nents. Presque tout ce qui existe 4 présent sera rasé lorsque les plans des architectes seront mis 4 exécution. Prince Rupert ne sera pas une ville batie en damier. A mon avis, c’est un grand point déja! Vous ne pouvez pas trouver une seule ville pittoresque qui soit construite sur le plan rectangu- laire. Ceux qui connaissent Détroit, avec ses avenues raycnnantes, et con- vergeant en un pointcentral, savent combien il est agréable a 1’ceil de sortir de l’éternelle quadrature. Prince Rupert aura des places et des parcs,—ce qui empéchera les incendies de se propager,—des avenues ‘onduleuses et des collines couronnées d’édifices d’une blancheur éclatante Ce ne sera pas une de ces plates et austéres cités of la jeunesse ne peut pas s’égarer, si elle en sent le besoin. J’ai escaladé une des collines,—probablement celle qui porte le nom de 1’Acropole sur le plan,—et le point de vue au travers de la rade était splendide. II y a trois ans, c’était en cet endroit, la forét vierge et bien que Ja place soit aujourd’hui défrichée, il reste encore des souches, ca et 1a, La Ville n’a pas encore été mouillée. ‘“T humus qui surmonte la roche solide est formé de végétaux en dé- composition, il est humide et tourbeux. Beaucoup des maisons temporaires actuelles sont baties sur pilotis ; de fait, elles ont l’air de caisses A marchan- dises posées sur des batons Il y a deux hétels réellement bons et un grand nombre d’entreprises 4 une piastre, ot 1’on fournit aux clients de bons repas complets et oi ils sont priés de dormir dans des couchettes étagées comme dans les chantiers canadiens-frangais. Actuellement la ville est absolument séche, A cause des travaux de construction du chemin de fer qui sont encore en voie d’exécution. On dit qu’il s’y fabrique une espéce de cidre a l’usage des citoyens gui souffrent d’une soif chronique; mais, on ne nous en a pas offert. Ceux qui veulent se payer le luxe d’une petite ‘‘brosse’’ sont obligés de faire un voyage de plusieurs heures et de se rendre 4 Port Essington of les individus qui conservent scrupuleusement l’attitude verticale sont regar- dés avec méfiance. Tandis que j’étais en cette ville, j’ai demandé a un individu, dont le visage avait l’air d’une pierre tumulaire et qui était étalé sur le quai, comment il se faisait que toute la population semblait en féte? ‘* Parcequ’elle est en féte, m’a-t-il répondu.’”’ Et je n’ai rien pu en tirer davantage. Port Essington est un Seattle en petit, destiné 4 disparaitre quand Prince Rupert partira pour de bon. Ce sera un Grand Port de Mer ‘Naturellement Prince Rupert est destiné 4 devenir un grand port de mer, il sera desservi par la route, de beaucoup la plus courte et la plus facile qui existe sur ce continent pour le transport du fret. La traversée de Prince Rupert a Yokahama est pluscourte, de 400 milles que la route de Vancouver, et de 600 milles que la distance entre San Francisco et ce port du Japon. Natu- rellement, Prince Rupert sera le centre de distribution de tout le nord de la Colombie Britannique,—une contrée beaucoup plus riche en ressources mi- nérales que la partie méridionale déja exploitée,—du territoire du Yukon et de tout le littoral de l’Alaska. Cette nouvelle cité reconquerra un jour, pour le Canada tout le trafic avec le nord qui, durant la vogue du Klondike nous a été escamoté par Seattle, une cité bien active, en dépit de ses torts A notre égard. Ce sera aussi un grand centre pour l'industrie du bois, des